Archives mensuelles : novembre 2016

L’écriture libre au préscolaire

Du plus loin que je me rappelle, j’ai toujours affectionné la période d’écriture libre à l’École alternative Freinet de Trois-Rivières, ce moment privilégié où tout un chacun est libre d’écrire au gré de ses fantaisies. Cet exercice est en soi difficile puisque l’élève doit sortir de la dynamique d’« écrire pour se faire corriger », dynamique qui a teinté son expérience scolaire trop souvent liée au principe de «bien écrire». Ici, l’honneur est aux idées et non à la forme!  Enfin l’enfant peut écrire sans se demander «comment s’écrit ce mot?». C’est toujours une joie pour moi lorsqu’un élève m’ouvre son cahier et me permet de le lire : des mots inventés aux phrases farfelues, de rêves d’avenir aux anecdotes familiales; ces cahiers de tous genres sont un véritable coffre aux trésors.

Mais comment faire écrire ceux qui ne savent pas encore comment?

Me voici, nouvellement assise dans la chaise d’une enseignante au préscolaire. Avant même de rencontrer mes petits écoliers, je m’étais donné le défi d’implanter dans ma classe l’écriture libre au quotidien.  Mon objectif étant  la découverte et l’appréciation du geste et non l’apprentissage systématique des normes de l’écrit.  Ne connaissant pas le rapport à l’écriture de tout ce beau monde, mes attentes étaient plutôt vagues, voire absentes.  J’étais consciente qu’ils partiraient tous d’un point différent, mais, dans ma tête, nous allions tous arriver à la même place.  Je craignais que l’attrait de la lettre soit partagé ou que la motivation s’estompe rapidement vu leur manque d’expérience.  Comment allaient-ils réagir si je les plaçais devant une tâche qu’ils ne savaient pas faire.

C’est par un beau matin de septembre, alors que nous vivions déjà ensemble depuis trois semaines que je me suis lancée. En leur proposant l’activité d’écriture libre, instantanément quelques mains se sont levées pour me dire qu’ils ne savaient pas écrire.  C’est par le questionnement que nous avons fait le constat qu’ils savaient tous écrire quelque chose ou quelques mots.  Que ce soit une lettre, deux lettres, leur prénom et certains, même, des mots simples.  Une autre de leur inquiétude a été de ne pas avoir de cahier ni de crayon.  Inquiétude rapidement apaisée, car j’avais tout prévu : le Père-Noël avait passé en automne. Leur enthousiasme a été immédiat.

«Alors, on y va?» J’avais prévu un moment de cinq minutes pour commencer.  L’atelier, qui s’est déroulé dans un silence plus que complet a, en fait, duré plus d’un quart d’heure.  J’avais des frissons de la tête aux pieds en voyant ces petits de 5 ans plonger pour la première fois dans le monde de l’écrit après seulement quelques jours d’école.  L’écriture libre était possible, même avec des enfants d’âge préscolaire.  Non je n’y lis pas d’histoires ou d’anecdotes, mais j’y reconnais des prénoms, des symboles, des faux-mots, des mots-étiquettes accompagnés parfois d’un dessin pour bien expliquer.  Ce moment est devenu l’un de leur préféré dans la journée. Je leur ai donc permis de développer le goût de l’écrit en attendant d’apprendre «pour de vrai» le fonctionnement de notre langue. Mais au fond, n’est-ce pas ça écrire pour vrai, écrire sans contrainte, écrire pour s’exprimer, écrire pour s’amuser, écrire pour partager?

C’est ainsi que depuis ce temps, tous nos matins sont accompagnés d’une douce musique de travail et de mines qui dansent sur le papier. Gageons que j’aurais à refaire le plein de cahiers d’ici juin.

Natacha Bonneville

Enseignante

Le conseil de classe et le conseil d’école

Le conseil de classe est une réponse coopérative au besoin de gestion. Il a pour but d’harmoniser les besoins intellectuels et affectifs de chacun des enfants, ainsi que ceux du groupe. Vivre le conseil c’est apprendre à exercer un pouvoir et c’est permettre à chaque enfant de prendre sa place. Graduellement, l’enfant s’implique activement dans différentes composantes de sa journée à l’école, il apprend aussi à vivre avec des contraintes. Cette réalité amène de nombreux apprentissages qui sont également des devoirs en classe coopérative : vivre un conseil veut dire écouter, expliquer adéquatement son point de vue, analyser, discuter, accepter les différences, proposer, solutionner, coévaluer et enfin respecter les décisions prises en posant les gestes conséquents.

*Tiré du référentiel Freinet